PDG de Global Mind Consulting, lauréate du prix de “la Femme entrepreneure de l’année” décerné par les HUB AFRICA Awards en 2017, l’auto-entrepreneuse Seynabou Dia redouble d’inventivité pour accompagner les différents acteurs du continent vers la réussite de leurs ambitions. Aujourd’hui, elle nous révèle son parcours et ses motivations.

Sa mission: participer à l’essor de l’Afrique en accompagnant la naissance et le développement de projets prometteurs.

Vous êtes la présidente et la fondatrice de Global Mind Consulting. Pouvez-vous nous en dire plus sur le cabinet et sur comment est né le projet ?

Global Mind Consulting est un cabinet spécialisé dans la gestion des relations publiques, le conseil et l’accompagnement stratégique pour les opérateurs économiques et institutionnels qui évoluent sur le continent africain.

On a décidé de créer ce cabinet pour permettre aux acteurs qui font bouger les lignes, dans leur secteur d’activité et dans leur pays, d’amplifier la résonance de leurs messages, faire savoir ce qu’ils font, d’avoir un impact plus important en relayant leurs activités, leurs projets, et leurs actions.

En faisant savoir objectivement ce qu’il se passe sur le continent, nous voulons changer et améliorer le narratif autour de l’Afrique. Par ailleurs, nous célébrons nos dix ans cette année.

Global Mind Consulting a été votre première entreprise ?

Non, j’ai d’abord travaillé au consulat général du Sénégal à Paris, ensuite à l’UNESCO, et puis je me suis lancée comme consultante pour accompagner des acteurs africains qui avaient besoin de gérer leurs relations publiques, notamment à l’occasion du déplacement de leurs activités en occident. Par la suite, j’ai créé ma première entreprise avec mon associé aux États-Unis, pour essayer de croiser les enjeux après la crise de 2008.

Pourquoi avoir choisi ce moment-là ?

En 2008, la crise économique mondiale des Subprimes n’a pas tant touché le continent africain. A cette même période, le terme de “Africa rising” devenait fréquent, on s’est alors dit qu’on devait créer une structure qui aurait pour vocation d’accompagner les entreprises européennes et américaines qui voulaient et qui avaient besoin (c’était une nécessité à l’époque) de trouver de nouvelles débouchées de marché dans les pays qui étaient moins atteints. 

Faire matcher cette volonté avec un besoin de développer le continent tout en étant animé par du “win-win partnership”, là était le défi. L’Afrique a besoin d’investissements mais on veut qu’ils soient endogènes, structurants et surtout qu’ils soient portés par des personnes qui ont une philosophie à laquelle on adhère : celle de co-construire. 

C’est avec cet état d’esprit que j’ai bâti ma première entreprise et rapidement, j’ai créé le cabinet de Global Mind Consulting qui existe depuis 2011.

Le métier de consultante est ce que vous voulez faire depuis enfant ?

Évoluer dans les relations internationales était ce que je voulais faire. Je désirais travailler dans les grandes organisations comme l’UNESCO. Mais je me suis rendu compte que ce n’était pas vraiment là que les choses se jouaient et que mon combat serait plus d’ordre économique, tout simplement parce qu’on ne fait rien sans argent. On ne développe rien sans avoir les moyens de sa politique.

Il est donc fondamental que les Africains en prennent davantage conscience et réussissent aujourd’hui plus que jamais à encourager le développement d’un climat des affaires qui soit sain et qui soit propice au développement des intérêts des acteurs locaux, mais aussi pour attirer des investissements internationaux car finalement l’idée n’est pas de se renfermer sur soi, mais de faire en sorte que tout le monde puisse cohabiter dans le respect des règles.

Quelles études avez-vous faites ?

A la base, je suis une littéraire. J’ai fait toutes mes études entre la Picardie et la région parisienne, après quoi j’ai fait de l’administration économique et sociale. J’ai eu mon diplôme universitaire en gestion des entreprises et des organisations et j’ai commencé à faire du droit et des sciences politiques à Assas, mais j’ai vite arrêté car en parallèle j’avais commencé à travailler et à gagner de l’argent.

J’ai été rattrapée par mes premières expériences professionnelles qui m’ont beaucoup appris et qui ont vraiment été déterminantes dans la suite de ma carrière et de mon évolution. Je devais avoir 21 ans, lorsque j’ai organisé mon premier gros événement: une délégation politico-économique à Washington. J’ai eu l’opportunité et la chance d’apprendre mon métier avec des personnes qui ont été extrêmement motivantes et bienveillantes.

Vos parents vous ont-ils encouragé dans cette voie ?

J’ai toujours été très porté sur la question des enjeux humanitaires, et par tout ce qui a trait au mal fonctionnement sur le continent. Mon but était de travailler dans des organismes internationaux pour apporter un peu plus de justice et de droit aux personnes les plus vulnérables. Mes parents voyaient ça plutôt d’un bon œil. Ils ont été extrêmement encourageants.

Tout s’est fait tellement naturellement, que je crois que ça devait probablement être ma vocation.

Quelles sont certaines de vos convictions pour le développement de l’Afrique ?

Que chacun doit faire sa part, on fait tous partie de la solution. Même si ce n’est pas évident, il ne faut rien lâcher. Lorsque vous croyez en quelque chose avec suffisamment de fermeté et que vous vous donnez les moyens de pouvoir les concrétiser, il n’y a absolument aucune raison pour que ça ne fonctionne pas.

Personne ne le fera à notre place, c’est aux Africains eux-mêmes de le faire.

Qui ont été vos modèles ou vos mentors ?

Lorsque j’étais à l’UNESCO, Ousmane Blondin Diop m’a beaucoup encouragée. Je pense également à Abdoulaye Bio Tchané.

Beaucoup de femmes m’ont aussi inspirée parce qu’elles avaient cette capacité à pouvoir s’imposer sur des sujets qui sont malheureusement trop souvent laissés soit à des étrangers soit à des hommes. J’ai une véritable admiration pour elles car par leur simple force de caractère et leur détermination, elles se sont imposées sur une vaste gamme de sujets.

Des titres de livres qui vous ont marqué?

Pour en citer quelques-uns car la liste est longue, je dirai Cheikh Anta Diop avec Nations nègres et cultures, Amadou Hampâté Bâ, et Maryse Condé. Ils ont contribué à forger mes convictions et à forger ce que je perçois comme étant mes combats.

Un livre qui m’a beaucoup plus, c’est Racines de Alex Haley qui raconte la célèbre histoire de Kunta Kinte. Il raconte l’histoire de son ancêtre qui a été déporté, et je trouve que ça me parle encore plus parce qu’effectivement mes parents ont  traversé la Méditerranée : il y a cette dimension historique et d’héritage dans laquelle je me retrouve.

Savoir d’où l’on vient, connaître sa culture et respecter son héritage rend extrêmement fort. Vous pouvez être dans une salle avec des gens de couleur de peau différente de la vôtre sans développer de complexe quel qu’il soit, car finalement vous savez que la seule chose qui compte sont vos valeurs. Valeurs qui sont bien souvent universelles d’ailleurs.

Comment maintenez-vous votre niveau d’énergie et de productivité au cours de la journée ?

Les sujets sur lesquels j’ai la chance de travailler sont si diversifiés et si larges que je n’ai pas le temps de m’ennuyer. On est en permanence en train d’apprendre, de réapprendre et de maîtriser les sujets qui sont gérés par nos clients, parce que vous ne pouvez pas accompagner efficacement quelqu’un dans sa communication et dans ses relations publiques si vous ne comprenez pas ses réalités, son écosystème, son métier, et ses problématiques.

Et puis j’ai la chance d’avoir une équipe extraordinaire qui est hyper dynamique et qui me nourrit énormément.

Quel conseil donneriez-vous à un étudiant qui s’apprête à entrer dans le monde du travail ?

De multiplier les expériences pratiques. Je pense que ça fait toute la différence et je le vois même dans les recrutements que l’on fait. Les personnes qui ont eu l’occasion d’être acteur, d’avoir de vraies responsabilités et de pouvoir gérer des projets sont souvent les meilleurs candidats.

Trouver un stage n’est pas évident mais il faut faire preuve d’un culot sans commune mesure.

À titre d’anecdote, mon premier mentor Ousmane Blondin Diop, ne voulait pas me prendre en stage la première fois, me disant qu’il n’y avait plus de place et de revenir dans quelques années quand je serai au doctorat. J’ai insisté, et suis restée assise sur la même chaise pendant trois heures de temps à l’attendre. Quand il est arrivé je lui ai demandé simplement 3 minutes pour discuter : résultat, on a eu un échange de deux heures et j’ai été acceptée.

Donc il ne faut pas avoir peur d’insister car l’audace paye. Nous sommes souvent les principaux freins de nos réussites, on se fixe des problèmes et des limites qui n’en sont pas vraiment et c’est celles-ci qui sont les plus avilissantes.

Mieux vaut s’en débarrasser non ?

Source: https://newanahita.com/