Patricia Sennequier, fondatrice de Beautiful Soul, a reçu le 16 février dernier l’Award du Coaching International 2021 de la part de la très prestigieuse EMCC Global (European Mentoring & Coaching Council). Une distinction qui vient récompenser son engagement pour les femmes africaines, guidé par une véritable volonté de rendre le coaching le plus inclusif et accessible, à travers le continent. 

Elle était en novembre dernier aux côtés des équipes de Global Mind Consulting et de nombreux experts et coachs pour former les 40 femmes lauréates du Prix Jeunes Talents Afrique subsaharienne L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science 2020 & 2021, à Kigali au Rwanda. Rencontre.

GMC — Il y a quelques mois, vous formiez 40 femmes scientifiques africaines, francophones et anglophones, aux techniques de management. Quels liens entre science et management ? En quoi une telle formation profite-elle à ces femmes et comment vont-elles pouvoir mettre en pratique ce qu’elles ont appris, dans leur quotidien ?

PS — Oluwatosin, doctorante, travaille dans un laboratoire au sein duquel elle prend un rôle de plus en plus fédérateur. Le docteur Aisha vient de prendre la direction d’un département de biologie. Minty, professeur agrégé en biochimie, aspirait à devenir doyen de sa faculté, mais n’a malheureusement pas remporté suffisamment de suffrages. Fatimata est à la tête de la commission d’établissement d’un centre d’oncologie. Toutes gèrent directement ou indirectement des budgets (parfois conséquents), des ressources, des équipes, des femmes et des hommes. Toutes accompagnent également, au quotidien, des étudiants.

À l’issue de notre formation, ces femmes scientifiques, chacune selon leurs besoins, ont trouvé des clés pour mieux gérer leurs relations avec leur hiérarchie, prévenir les conflits, définir les priorités de leurs équipes, déléguer plus efficacement, initier des feedbacks, développer la motivation et la performance de leurs collaborateurs, s’exprimer de manière plus assertive, élargir quantitativement et qualitativement leur réseau, etc.

Notre accompagnement permet à ces femmes d’influer positivement sur leurs organisations, pour graduellement les transformer en structures de plus en plus inclusives, collaboratives, performantes.

GMC — Beautiful Soul propose des programmes de formation variés, allant au-delà des techniques de management. Quel rôle pour la formation et l’accompagnement au changement de manière générale ? Comment cet accompagnement se matérialise-t-il pour les individus et les entreprises ?

PS — Notre savoir-faire réside dans la conduite du changement systémique et facilitée. Nous intervenons simultanément à plusieurs niveaux de l’organisation : salariés et équipes, management (cadres et dirigeants), gouvernance (administrateurs), en privilégiant une approche terrain agile qui s’adapte − presque en temps réel − aux évolutions de l’organisation. Coachs, formateurs, facilitateurs, thérapeutes, experts en communication du changement et de la gestion de projets : tous nos collaborateurs ont pour mission de faciliter la prise de recul, de libérer les énergies et de générer des prises de conscience qui tirent le collectif vers le haut. Au-delà de l’apport de clarté, de savoir-faire et d’outils, l’enjeu est d’élever les consciences.

Ces transitions fondamentales dans la culture d’entreprise sont rapides et 86 % de nos clients observent des changements positifs et durables. Ils se matérialisent par un mieux-être individuel et collectif, et un travailler ensemble plus harmonieux, plus serein et plus efficace, en quelques semaines.

GMC — Le 8 mars prochain, vous organisez un atelier digital sur le thème du burn-out, dans le cadre du programme NAAW. Pourquoi dédier un tel atelier spécifiquement aux femmes ? Et pourquoi le thème du burn-out ? 

PS — Naaw by Beautiful est une plateforme de développement professionnel pour les femmes africaines. Son motto : donner les moyens aux femmes – et aux organisations au sein desquelles elles travaillent – d’influer sur leurs écosystèmes, de les façonner selon leurs besoins et d’y apporter leurs contributions exceptionnelles.

Nous avons interrogé 160 femmes en début de parcours avec Naaw pour établir une enquête préliminaire et suivre l’impact de notre accompagnement. 66 % d’entre elles présentaient à leur arrivée des signes précurseurs ou avérés de burn-out. Nous voulons aider ces femmes, nos clientes, individuellement et au niveau de l’organisation, à comprendre les multiples facettes de cette souffrance psychique afin qu’elles puissent créer des rituels générateurs d’énergie positive.

Cet atelier n’est pas exclusivement réservé aux femmes… les hommes sont naturellement les bienvenus dans ces sessions, car la cause des femmes est aussi celle des hommes.

GMC – Quelles solutions concrètes pour que les femmes africaines entrepreneures, dirigeantes, politiques, artistes, activistes, scientifiques… soient reconnues à la hauteur de leurs talents et de leur rôle central dans le développement du continent ? Quelle place pour la formation dans cette mise en lumière de nos Afrochampionnes ?

PS — Les talents et contributions de la danseuse et chorégraphe Germaine Acogny, de la professeure Thérèse Moreira Diop, de la docteure Marie Louise Correa, ou encore de Amy Sarr Fall, Thiaba Sy, Madji Sock, Marie Odile Kantoussan Sene, Oulimata Sarr, Moussoukoro Ndiaye – et la liste est longue, sont, chacune dans leur domaine, incontestablement reconnus.

Ce que nous désirons explorer, c’est la possibilité, pour les nombreuses femmes qui le souhaitent, d’incarner et de jouer ce rôle primordial pour le Sénégal et l’Afrique, sans souffrances inutiles.

Nos organisations modernes ont été créées par des hommes et pour des hommes, et répondent donc en tout premier lieu à leurs besoins. En ce sens, elles ne sont pas inclusives, ni pour les femmes, ni pour les personnes en situation de handicap, ni pour les personnes âgées, etc. J’avais, il y a près de cinq ans déjà, proposé une démarche que chaque organisation pourrait s’approprier pour faire progresser l’inclusivité en son sein. J’y crois encore. Je crois aux conversations qui déconstruisent des schémas mentaux individuels et collectifs inutiles, et qui ancrent durablement dans les mentalités des valeurs humanistes. En ce sens où elle permet la prise de conscience, où elle donne les moyens, les outils pour permettre cela, la formation est essentielle au développement et à l’épanouissement individuels et collectifs.